Il n’y a de richesse que celle de l’âme. Je suis anachronique peut être, mais je crois encore en l’honneur, celui d’être moi, sans concession, celui de ne demander de faveur à personne.

Déjeuner ce matin avec un ex-gouverneur, ayant sombré dans la dépression après sa disgrâce suite à la déchéance de Basri, il attend toujours un retour des vents favorables du Makhzen qui n’arrive pas. Et un agent d’autorité intègre, je connaissais son talent, je découvre sa sensibilité. Quel gâchis dans l’administration publique de mon pays. Que de ressources dilapidées, que de malheurs, que de vies brisées. Peut être pour l’avoir longtemps étudié, je m’étonne d’éprouver de l’affection pour ce grand corps malade, qu’est celui des agents d’autorité, créé par le Protectorat pour surveiller les indigènes, ils vivaient, pendant longtemps, sur leur dos comme des pique-assiettes, ce qui explique que leur fonctionnarisation n’a jamais réussi et que leur corruptibilité a toujours rongé tout l’appareil de l’Etat.
Je n’aime pas les jeux du hasard, je leur préfère l’effort à long terme. L’acte de nomination comporte en lui-même l’oxymore impossible : seigneur/serviteur. Le prestige de la nomination n’en réduit pas l’asservissement de la fonction et crée une soif de pouvoir et d’honneurs qui ne sera jamais étanchée et une quête démesurée de l’ambition qui ne sera jamais satisfaite. L’Etat se trompe rarement en misant sur la prétention du candidat. Il obtient de lui son allégeance inconditionnelle et son usure prématuré en contrepartie des lustres du haut magistère.
Je souhaite ne jamais être riche. L’argent mal acquis au même titre que le pouvoir illégitime rendent fou. Convaincu de cela, un drôle de sentiment m’envahit, celui d’être invincible par les hommes. Plus aucun événement heureux ou malheureux ne devrait m’atteindre. J’ai depuis longtemps résolu un problème : les défaites personnelles n’existent pas. Je vis tout ce qui m’arrive comme des étapes vers mon ultime objectif qui est la mort, un trépas doux et apaisant, qui serait la réussite du passage vers la vie éternelle. Il est évocateur que la vie en ce bas-monde soit dite en arabe « la basse », elle ne vaut pas tout ce que nous lui sacrifions.
En attendant, je me donne avec passion, et je ne m’attends à aucune gratitude de mes semblables, de cette manière, je ne suis jamais déçu. Quand un ami me quitte c’est lui que je plains ce n’est pas moi.

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