De nature, je ne supporte pas les lynchages, les acharnements de la foule contre un homme seul, des femmes amoindries, une minorité faible, ou des hommes armés achevant un blessé, j’éprouve le besoin non seulement de les défendre, mais de crier ma rage. Dans ces situations, personne ne s’étonnera que je ne supporte pas non plus la leçon de morale qu’un procureur prodigue avec véhémence et mépris, à de jeunes pauvresses accusées de dépravation morale, à cause de leurs jupes, et qui, de surcroît, ne peuvent lui répondre.

Toute la presse relate ces derniers jours l’arrestation de deux jeunes femmes à Inzegane, leur crime : avoir décidé de faire leurs courses en robes courtes ! Au début je pensais à une plaisanterie, mais j’ai eu la confirmation qu’en effet ayant été encerclées par une foule de d’enfiévrés, elles ont été conduites au commissariat de police. Présentées au procureur du Roi, celui-ci décide de les poursuivre pour outrage publique à la pudeur (infraction punie par l’article 483 du code pénal).

Ce fait divers me choque littéralement à plusieurs titres, comment peut-on, non seulement tolérer mais cautionner l’agression publique de jeunes femmes, et, pire encore engager des poursuites pénales contre elles pour leur choix vestimentaire. On me dira que le procureur n’a fait qu’appliquer la loi, (ce qui est vrai puisque cette infraction héritée du code Napoléon, qui n’existe plus en droit français depuis 1994, persiste chez nous pour protéger je ne sais quels mœurs au nom de je ne sais quelle morale…), mais n’a-t-il pas d’autres formes de criminalités à combattre que d’apprendre aux petites gens comment s’habiller avec l’argent du contribuable ? Puisqu’il s’agit bien de cela, on imposera toujours la morale moyenâgeuse aux filles des miséreux, les filles des nantis, elles, en petite tenue, se verront même protéger leurs Fiestas à la Playa par les forces de l’ordre…

J’aimerais un jour que nos juges soient formés à la tolérance, à l’ouverture d’esprit, et surtout qu’il voyagent, qu’on leur fassent faire des stages prolongés dans les pays respectueux des droits humains, pour s’ouvrir sur d’autres cultures et ne pas juger en fonction d’une seule idéologie unique et inique, ni se contenter d’un seul référentiel périmé. Car comme le dit Théodore Aggripa d’Aubigné, que je cite de mémoire  » le vice n’a point pour mère la science, et la vertu n’est pas fille de l’ignorance ».

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