Temps d’été aujourd’hui dans la route qui me mène de Rabat à Casa. Chaleur étouffante : 32 C. J’arrête la climatisation et baisse la vitre quand même. Le paysage défile. Je prends un long bain d’air.

Un collègue m’apprend au téléphone qu’il est désespéré, car plaidant sa troisième demande de liberté conditionnelle pour sa cliente, le tribunal lui oppose toujours une fin de non-recevoir, je le tranquillise en lui rappelant que le juge qui a prononcé l’acquittement de ma cliente (qui était empêtrée dans une affaire abracadabrante de trafic international de stupéfiants avec laquelle elle n’avait rien à faire) m’avait refusé la liberté conditionnelle à plusieurs reprises, comme quoi les voies de la justice, surtout pénale, sont impénétrables.

Ce soir j’échange avec un ami de longue date, qui n’approuve pas mon engagement acharné à défendre les femmes à se vêtir comme bon leur semble, dénonce mon activisme sélectif, et me rappelle d’autres combats, selon lui plus prioritaires. Personnellement, rien ne m’agace plus que le manichéisme et le sectarisme même mis au service d’une bonne cause, et ce, pour deux raisons au moins : c’est d’abord me prendre pour un imbécile et c’est aussi jeter un doute sur la cause qu’on prétend défendre.

Aujourd’hui, le combat pour les libertés individuelles, les droits des femmes et des minorités est une nécessité. Dernièrement dans ma tentative de comprendre les raisons profondes qui poussent notre société a reléguer toujours la femme en arrière je suis tombé sur un vieux texte du sociologue marocain Paul Pascon qui écrit dans « La formation de la société marocaine »:  » le patriarcat repose sur l’idée de l’existence d’un lien mystique dû à la procréation par le Père. Le fait d’être l’enfant de tel est le fait fondamental de la société patriarcale et explique presque tous les faits sociaux de cette société. Le lignage agnatique, c’est à dire la lignée par la voie mâle, est une sorte de nation ; tout est subordonné à la famille, le père est source de tout le pouvoir, c’est lui qui répartit les revenus et le travail, c’est sa loi qui s’applique. On peut expliquer à partir de là bien des traits de la société marocaine d’aujourd’hui, comme d’autres sociétés qui traitent encore des faits patriarcaux, comme les formes d’héritage, la tendance à la déshérence des filles, le tabou de la virginité, le culte des morts, la liaison de l’âge avec l’autorité, le prestige des anciens et une foules de faits linguistiques. « 

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